Cycles et Rythmes externes et internes : la chronobiologie qui étudie leurs relations se situe-t-elle sur le même terrain ?

Cycles et Rythmes externes et internes

La matière vivante présente une activité rythmique qui con-cerne aussi bien une simple cellule qu’un organisme entier. Les fonctions de cette matière vivante varient, en effet, de façon périodique prévisible dans le temps.

L’être humain, par exemple, est soumis au rythme veille-sommeil, activité-repos, et ses organes, ses tissus, ses cellules sont aussi soumis à des rythmes particuliers.

Le Temps est un facteur essentiel en biologie, mais avant le 20e siècle, il était surtout saisi de manière linéaire, sous l’angle du vieillissement. Il a commencé à être pris en compte sous son aspect rythmique qu’au cours des années 30 lorsqu’on a découvert l’existence d’horloges biologiques intracellulaires. Auparavant, on partait du principe que le milieu interne était constant – principe d’homéostasie – bien qu’il ait été démontré dès 1814 que l’heure de prise de certains médicaments conditionne leur effet.

La Chronobiologie est l’étude de la structure temporelle des êtres vivants, c’est-à-dire l’étude de leurs rythmes internes. En vedette dans les média depuis une dizaine d’années, elle a même été « récupérée » par le marché des cosmétiques qui se veut toujours à la pointe des découvertes. On nous vante un soin « chrono-adapté » basé sur l’étude des bio-rythmes qui régissent la vie des cellules de la peau.
Il existe plusieurs sortes de rythmes internes. Le plus facilement décelable est le cycle circadien (circa : autour de, environ) dont la période est approximativement de 24 heures.
Notre organisme obéit en gros à ce rythme en ce qui concerne l’alternance activité-repos. A l’intérieur de cette plage, de nombreux sous-rythmes président à la sécrétion de nos hormones, à la température du corps, etc. Autre exemple, le taux des lymphocytes circulant dans le sang varie considérablement non seulement au cours d’une journée (rythme circadien) mais aussi en fonction des différentes saisons (rythme circannuel).

Etant donné que rythmes internes et rythmes cosmiques externes coïncident (24h, 1 mois, 1 an), on a longtemps cru que les rythmes externes déclenchaient les rythmes internes, puis on s’est aperçu que ces derniers existaient en eux-mêmes à la suite d’expériences telles que l’isolement d’un individu dans une grotte sans repères où peu à peu le rythme activité-repos s’installe sur une période de 25 h alors qu’à l’extérieur, notre organisme est poussé à adopter un rythme de 24 h, sous la pression des rythmes externes que sont d’une part l’alternance Jour-Nuit et d’autre part l’organisation sociale (part de la montre avec 24 h)

Mais si la chronobiologie est l’étude de la structure temporelle des êtres vivants, elle est aussi l’étude des mécanismes qui contrôlent et maintiennent cette structure ainsi que l’étude des altérations qui peuvent s’y produire.

Pour ce faire, cette science impose de considérer tout organisme dans son environnement, c’est-à-dire soumis, nous l’avons vu, à des rythmes externes.

Les rythmes internes, pour une bonne part génétiquement programmés, ont besoin que le mécanisme de leur horloge soit réglé, recalibré, grâce aux synchroniseurs que sont les ryhtmes cosmiques et sociaux. Ceux-là ne créent pas les rythmes internes mais les remettent à l’heure.

D’autre part, il existe un médiateur chimique entre rythmes internes et externes. Il s’agit de la mélatonine, hormone secrétée par l’épiphyse (glande pinéale) située entre le tronc cérébral et les hémisphères.

Cette hormone est relayée par le système nerveux central : lumière et obscurité sont pour elle des signaux et elle-même sert de signal à la synchronisation de divers rythmes biologiques. Elle renseigne, entre autres, notre corps sur la durée du jour et de la nuit.

Chez l’être humain et chez la plupart des mammifères, le signal lumière passe par la rétine, mais on s’est aperçu que les aveugles eux aussi sont sensibles à la lumière qui trouve chez eux d’autres voies pour se faire connaître.

Sous nos latitudes, l’alternance Jour/Nuit et ses variations périodiques est le plus puissant parmi les régulateurs des rythmes biologiques et notamment de l’activité reproductrice : chez l’être humain comme chez les nombreux mammifères, on constate un maximum de naissances au Printemps (conceptions d’Eté) et un minimum en Automne (conception d’Hiver).

Les rythmes biologiques peuvent être manipulés en utilisant des rythmes lumineux externes artificiels : Ce « pilotage » de l’horloge biologique par la lumière a acquis dans l’agriculture et l’élevage un poids économique considérable :

– les horticulteurs font fleurir leurs plantes quand ils le désirent.
– les poulaillers industriels sont maintenus au top niveau de la fertilité. Signalons au passage un cas involontaire de fertilité permanente, celui des pigeons de Paris trompés, paraît-il, par les lumières de la ville ..!
– brebis et chèvres deviennent fécondes à la demande ce qui permet d’obtenir des fromages toute l’année.

Dans certains cas, pour simplifier les choses, on agit directement au niveau hormonal en modifiant l’action de la mélatonine.

Cette fameuse mélatonine est aussi maintenant consommée en cachets par l’homme afin de combattre les effets indésirables du décalage horaire. En effet, si l’on change brutalement d’heure (voyage aérien) les horloges se dérèglent et ne se réadaptent pas à la même vitesse. Il faut compter :

– 3 jours pour le sommeil
– 1 semaine pour la température
– 15 jours pour les cycles hormonaux

Cela dit, on peut aussi s’exposer à une lumière vive ce qui permet de resynchroniser les rythmes biologiques 3 à 4 fois plus vite.

Il nous faut ouvrir une parenthèse au sujet d’un phénomène particulier dont vous avez tous entendu parler, la dépression saisonnière qui représente 5 à 20% des dépressions.

Les personnes atteintes connaissent cet état au moment où la Nuit domine le Jour (automne-hiver) et particulièrement au solstice d’hiver où il y a, notamment, recrudescence des suicides dans le métro.

Ces personnes présentent en fait un défaut de synchronisation par la lumière.

On suppose d’ailleurs que les fêtes de Noël tellement illuminés, tout comme les fêtes de la lumière en Scandinavie – où la Nuit est totale au solstice d’hiver et le taux de suicide le plus élevé – saluent non seulement la réapparition de l’augmentation du Jour mais procèdent peut-être aussi d’une ancienne tentative de thérapie anti-dépression saisonnière.

Ce type de dépression est soulagé par la photothérapie : exposition à la lumière artificielle ou voyage au soleil.

Toujours de l’ordre de la chronobiologie, signalons l’importance des heures de lever et de coucher du Soleil aussi bien indiquées dans de nombreux serres… que réclamées par la Justice dans les constats de crimes et d’accidents.

Chronobiologie et astrologie se situent-elles sur le même terrain ?

Sans les rythmes externes que sont les cycles planétaires, et le rapport Terre-Soleil, il n’y a pas d’astrologie.

Le zodiaque tropique se fonde sur la photopériode, c’est-à-dire sur le phénomène annuel des saisons, au sens strict de variation de durée du Jour et de la Nuit.

Mais pour l’astrologie la notion de périodes ne se limite pas à la relation Terre-Soleil. Elle est étendue à toutes les planètes : celles-ci entretenant une relation rythmique avec le zodiaque et la Terre, leur temps de présence au-dessus de l’horizon ou d’absence sous l’horizon n’étant pas le même suivant le degré du zodiaque où elles se situent. A partir de ce phénomène qui est un Signal, l’astrologue observe son incidence sur l’être humain (configurations natales, transits).

 » … rythmes stellaires, atomiques, chimiques, tous s’inscrivent dans le temps et dans les coordonnées humaines par leur persistance (durée), leur alternance (rythme), leur périodicité(cycle)… « 

Je ne peux résister au plaisir de citer un passage d’une étude sur les naissances, parues dans le journal de biologie de la reproduction et faite par des médecins du CHU de Tours:

 » … en dehors des rythmes soli-lunaires (et de leur incidence sur les naissances)… possible action des planètes moins connues, plus éloignées, qui préoccupent davantage pour le moment les astrologues que les scientifiques. La Terre n’est probablement pas un monde clos qui vivrait indépendamment du reste de l’Univers…! « 

En ce qui concerne maintenant les rythmes externes sociaux, l’environnement de l’être humain, dont l’étude s’impose en chronobiologie, ils sont eux aussi soigneusement analysés par l’astrologue soucieux de faire un diagnostic juste, qu’il s’agisse du contexte socio-culturel (le temps n’a pas la même valeur dans chaque classe sociale, les rythmes y sont différents. pensons aux vacances, week-end et pour le travail au 3-8 par exemple), du contexte géopolitique ou du contexte familial. Toutes ces données, comme vous le savez, conditionnent l’être humain autant que les rythmes cosmiques, de même que les rythmes biologiques sont conditionnés par les rythmes sociaux et cosmiques, voire déformés par les rythmes sociaux.

Quant aux rythmes internes, là où la chronobiologie parle de rythmes biologiques communes à chaque espèce, l’astrologie, elle, parle de rythmes psychophysiologiques différentes selon les individus. Ceux-ci ont été analysés en détail par l’astrologie conditionaliste à partir des travaux de Pavlov sur l’activité nerveuse supérieure..

Ces rythmes, représentés par les fluctuations, persistance, mobilité, lenteur, rapidité des phénomènes d’excitation et d’inhibition déterminent selon leur dosage aussi bien différents tempéraments, modes de pensée, de ressenti, de création, que des conduites variables à l’intérieur d’un même tempérament.

Pour l’astrologue, l’être humain « répond » aux signaux produits par les phénomènes cosmiques de périodicité, par des comportements spécifiques comme si le système nerveux gérait les stimuli cosmiques en relation avec les rythmes internes, à chaque « période » correspondant une réponse adaptée ou inadaptée. (Pour une astrologie moderne Nicola J.P.)

D’autre part, la découverte par Jean-Pierre Nicola d’une coïncidence totale de durée entre les stades de développement de l’être humain et les cycles planétaires – baptisée Théorie des Ages – marque un progrès considérable dans l’histoire de l’Astrologie, les cycles planétaires étant, semble t’il, génétiquement programmés dans l’être humain.

Si la science s’ouvrait enfin à l’Astrologie, cette découverte inciterait la chronobiologie:

1. à étendre la notion de photopériode à l’ensemble des planètes, le signal lumière du Soleil n’en étant qu’un parmi les autres signaux des autres planètes ;
2. à prendre en compte les temps de révolutions sidérales des planètes – sans oser déjà parler de leurs fonctions – qui sont peut-être, voire sans doute, inscrits dans toute la matière vivante.

En conclusion

Astrologie et Chronobiologie reposent totues deux sur le facteur Temps saisi au travers des rythmes et cycles planétaires.

Le photopériodisme dans l’une et l’autre discipline occupe une place de choix. Il est étendu à l’ensemble des planètes en ce qui concerne l’astrologie, à l’environnement sociale et ses rythmes, nous l’avons constaté, il a un impact sur les horloges biologiques, de même qu’il conditionne les réponses d’un individu à un ciel donné.

Mais si l’on sait à présent que nombre de rythmes biologiques sont inscrits dans les gènes, en revanche bien que l’on constate, en astrologie, les réponses de l’être humain aux signaux cosmiques (voir le zodiaque réflexologique et les transits planétaires), on n’a pas encore découvert par quel biais le système nerveux s’articule avec le système solaire

Dans Pour une astrologie moderne Jean-Pierre Nicola écrit :

« Tout se passe comme si le cycle photopériodique étant mémorisé et entretenu par sa répétition, chacun systématiserait les phases associées aux planètes prépondérantes à la naissance. Cette systématisation va de pair avec le développement du système nerveux et de son pouvoir de réponse…. La clef du problème est dans le cerveau… « 

Nous pouvons, en attendant les prochaines découvertes, émettre quelques hypothèses :

Si photopériodisme et environnement terrestre ne sont pour l’être humain que des synchroniseurs-conditionnements, n’y aurait-il pas un capital psychologique inscrit dans les gènes, une sorte d’horloge interne du caractère, confirmée et recalibrée par le Ciel et la Terre ?

L’artifice des naissances programmées faisait partie de la vie elle-même. Se pose la question des populations vivant dans les régions où les saisons n’existent pas, et possédant néanmoins un caractère inscrit dans quelque trame interne.

Quel type de relations entretiennent-elles avec les rythmes cosmiques ? Le zodiaque universel, des déclinaisons, ouvre une voie de réflexion.

Faut-il, d’autre part, se pencher sur le thème de conception qui jouerait le rôle d’un conditionnement supplémentaire ?

Christine Saint-Pierre, journaliste

Article paru dans les Actes du colloque « Astrologie : une science en marche (1er trimestre 1998).

Indications bibliographiques :

– La Condition Solaire – J.P. NICOLA
– Pour une astrologie moderne – J.P. NICOLA
– « Rythmes », Cahiers Conditionalistes n°15 – Suzel FUZEAU-BRAESCH
– « Les horloges du vivant », A.Reinberg – Sciences et Avenir Hors-série n° 96
– « Chronopsychologie » – Cahiers Conditionalistes n°18 – A. BARRY, M.L. BROUWET, S. EMPIO, A. MOREAU.